Le 8 novembre 2008, s’est déroulé à Servigliano un colloque portant sur le thème de « l’Autre résistance », expression (en italien : l’Altra resistenza) qui désigne l’attitude et les actes de la population civile dans son refus du totalitarisme, des traitements inhumains infligés à des hommes, des femmes et des enfants, quels qu’ils soient.
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Les intervenants italiens, spécialistes de la Deuxième Guerre mondiale, de la résistance et de la déportation, ont abordé les sujets et épisodes marquants de la résistance non armée, sujets peu abordés dans l’historiographie européenne.

Voici les points principaux tels qu’ils ont été exposés et discutés :
1. La lutte non-armée dans la Résistance italienne et la résistance de la société civile (Prof. Antonio Parisella, univ. de Parme, et directeur du Musée de la Résistance de Rome) ;
2. Anna-Maria Casavola (chercheuse attachée aux travaux de l’ANEI, à Rome) expose la résistance des militaires italiens, non-armée et non-violente : ils refusent de servir le terrible régime nazi-fasciste de la République de Salo (les fascistes « noirs », qui , alliés aux nazis, installent un deuxième fascisme en Italie de 1943 à 1945). Ils refusent de participer aux rafles racistes et antisémites. Des milliers d’entre eux paient très cher cette résistance : internés d’abord en Italie, ils sont déportés dans les camps allemands et traités avec cruauté par les anciens alliés allemands.
3. Giuseppe Millozzi, historien-chercheur attaché à la Fondation San Martino, présente la situation des prisonniers alliés dans les Marches et insiste sur l’aide fournie par les populations rurales.
4. Filippo Ieranò, président de la Casa della Memoria, professeur et chercheur, présente la résistance civile à Fermo et dans ses environs, notamment à Servigliano. Au cours de la Première Guerre mondiale fut édifié, aux portes de la ville, un camp de prisonniers de guerre. Le camp reprend du service durant la Deuxième Guerre. D’abord pour recevoir des prisonniers de guerre provenant de pays en lutte avec l’Italie de Mussolini, puis, à partir de septembre 1943, des prisonniers alliés, des opposants au régime de Salò, des juifs raflés sur le sol italien. Tous n’ont pas été sauvés de la déportation et de l’extermination. Mais beaucoup ont eu la vie sauve grâce à l’aide et à la solidarité des habitants. Leur attitude a été « juste » au cours de ces événements.

Les visiteurs français

Stéphanie Boissard a relaté le drame de la Maison d’Izieu en le plaçant dans son contexte, celui de l’antisémitisme allemand et de l’antisémitisme du gouvernement français de Vichy. Puis analysé deux politiques qui se sont accordées jusqu’à la fin tragique de la maison des enfants d’Izieu.

Bernard Delpal a présenté le Pays de Dieulefit dans les années sombres, de 1930 à la fin de la Deuxième Guerre en insistant sur l’efficacité de l’aide apportée par la population aux réfugiés successifs, Arméniens, combattants et réfugiés espagnols, puis tous ceux qui sont mis en danger par la montée des totalitarismes et des violences de guerre à partir de 1938.

Lors de la conclusion du colloque, Giuseppe Buondonno (de l’Institut d’Histoire contemporaine de Fermo) a insisté sur les nombreuses convergences qui sont apparues entre les situations et les lieux (français et italiens), là où la résistance civile, non-armée, a joué un rôle déterminant dans l’histoire de cette partie du XXe siècle.

Le colloque a été l’occasion d’une rencontre entre les municipalités de Dieulefit et de Servigliano, respectivement représentées par Olivier Cadier (premier adjoint) et Maurizio Marinozzi, maire. Du côté italien, on relevait également la présence de Massimo Rossi, président de la Province d’Ascoli-Piceno. De la rencontre des édiles est sorti un accord d’échange culturel. Il organise la coopération culturelle entre Dieulefit et Servigliano, à travers des projets concrets.

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