Le titre L’Allemagne d’après, c’est l’Allemagne d’après le Troisième Reich : notre premier micro-festival concernait la libération et l’espoir d’un monde nouveau, principalement en France et en Grande-Bretagne et il nous semblait important d’analyser la situation en Allemagne après la deuxième guerre mondiale. Comment se remettre du traumatisme de la période nazie ? Quelle conséquence la réunification des deux Allemagnes peut-elle avoir sur ses peuples, après plus de 40 ans de séparation et de division idéologique ? La grande idée de L’Europe née de la réconciliation franco-allemande est-elle toujours d’actualité ?Tout dans la politique allemande est à l’opposé de celle du troisième Reich : accueil des réfugiés (populations allemandes des pays de l’est en 1950 ou migrants d’Afrique et du Moyen-Orient en 2015), réunification des deux Allemagnes, engagement dans la politique européenne, et pourtant, parmi les générations nées après 1945, un sentiment de culpabilité est toujours présent et mérite d’être étudié.

Nous avons donc commencé le vendredi 10 novembre par le thème Mémoire du nazisme et sentiment de culpabilité.

Le devoir de mémoire suppose de reconnaître les responsabilités des uns et des autres, et donc pour les enfants des responsables des crimes nazis, de vivre avec cette vérité. Entre déni, culpabilité, besoin de vérité, acceptation et pardon, les différentes générations les plus concernées – enfants de…, petits enfants de …, ne réagissent pas toutes de la même façon.

Le documentaire, Deux ou trois choses que je sais de lui de Malte Ludin, – réalisé en 2005 au sujet de son père, Hanns Ludin, haut dignitaire nazi, envoyé en 1941 en Slovaquie, où il était chargé de mettre en œuvre la solution finale – a suscité beaucoup d’émotions à la fois parmi nos trois intervenants et dans la salle et provoqué des interventions parfois douloureuses mais d’une grande dignité sur les histoires personnelles de chacun. Le débat a duré plus d’une heure et demi.

Le lendemain le thème de L’Allemagne après la chute du mur a suscité également un passionnant débat autour des conséquences de la chute du mur sur les populations locales. La réunification a-t-elle permis une véritable intégration des deux Allemagnes ou ne se réduisait-elle pas une fusion-absorption de l’une par l’autre ? Hans Woller, journaliste radio allemand nous a donné son point de vue, et là encore la cinquantaine de personnes présentes sont intervenues avec passion en relatant leurs propres expériences.

Les deux films de Hannes Stöhr ont été très appréciés, le réalisateur n’était pas connu et Daniela Weber, qui fait partie depuis de nombreuses années du comité de sélection des films à la Berlinale, nous a fait de chacun d’eux une excellente présentation.

Enfin le dernier thème, Allemagne et Europe, a été traité après un très bon documentaire, Die Mitte, qui, avec humour, tendresse et ironie, se pose la question de la place qu’occupe actuellement le concept européen dans le coeur des habitants de la vieille Europe. Le débat a été riche une nouvelle fois et vivement mené par Myriam Renaudot, une jeune universitaire de Lorraine, professeure d’allemand et notre historien de PMH Bernard Delpal.

Encore une cinquantaine de participants lors de cette troisième et dernière journée.

Le bilan tiré de cette troisième expérience de festival sur trois journées, qui mêle histoire, fictions, films documentaires et débats nous a convaincu de produire l’année prochaine notre quatrième édition et nous commençons déjà à nous poser la question du thème que nous aborderons…

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