À l’invitation de PMH, à la suite du spectacle de Valentine Cie : La Laïcité, c’est la faute à Voltaire et d’un court rappel historique de Bernard Delpal portant sur les lois de 1881-1886, la loi de Séparation du 9 décembre 1905 et sa réception par l’Église catholique cent ans plus tard, en 2005, Haoues Seniguer (qui a remplacé Chérif Mohamed FERJANI, empêché malencontreusement), a donné une conférence à La Halle, devant un public très nombreux et attentif (jusqu’à la fin des échanges..) dont voici un court résumé :
(voir également le site de La Tribune : http://www.e-tribune.fr/index.php/montelimar/montelimar-la-vie-d-ici/6369-y-a-t-il-une-exception-islamique
Religions, laïcité et violence : y a-t-il une exception islamique ?
Haoues Seniguer est enseignant à Sciences-Po Lyon (université Lyon 2-Lumière), en 5e année du cycle supérieur. Il est également membre de l’ISERL ((Institut Supérieur d’Étude des Religions et de la Laïcité, Lyon) et chercheur intégré dans deux centres ou laboratoires : Triangle (ENS-Lyon), UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication (CRAC), Université Gaston-Berger, Saint-Louis du Sénégal. Son activité de chercheur en fait un connaisseur et spécialiste de trois zones qui sont attentivement interrogées par la société française : Moyen-Orient, Sud-Méditerranée, Afrique noire sub-saharienne. En même temps, il travaille sur l’islam en France et ses relations avec les non-musulmans.
Devant une salle comble et attentive jusqu’au bout, accueillant aux questions et angoisses qui traversent aujourd’hui la société française, Haoues Seniguer s’est interrogé : depuis quelques années, à la faveur des attentats extrêmement meurtriers de New-York du 11 septembre 2001 ou plus récemment en France, de janvier et novembre 2015, l’islam, dans un certain discours public et imaginaire social, est souvent amalgamé à la violence et au radicalisme. Mais l’islam est également interrogé : est-il compatible avec la laïcité ? Celle-ci est-elle « islamophobe » ? Foncièrement hostile aux croyants ? Ou bien au contraire, la laïcité peut-elle à la fois favoriser l’accueil des musulmans dans la République et rendre service aux musulmans qui sont en demande de laïcité interne et de sécularisation ?
Dans ses réponses, Haoues Seniguer insiste sur trois points. D’une part, sur l’absence ou la difficulté persistante à construire un discours critique et historique sur les textes du Coran et de ses commentaires, par beaucoup de musulmans ; d’autre part, sur les crises politiques et géopolitiques chroniques, en particulier au Moyen-Orient, qui poussent des doctrinaires (théologiens, imams) à profiter du vide institutionnel ou des fractures au sein des sociétés occidentales pour répandre un message religieux exclusiviste, totaliste, voire totalitaire, recherchant ainsi « le choc des civilisations » et des religions. Pourtant, si l’on s’attache à analyser les conditions socio-historiques de l’émergence de l’islam, l’origine, le sens des termes et des tournures coraniques en langue arabe, mais également les efforts consentis par quelques illustres théologiens du XXème siècle, la compatibilité de l’islam avec la laïcité et les droits de l’homme ne fait aucun doute. Encore faut-il chercher à la considérer en tenant compte des facteurs religieux et politiques à l’oeuvre dans les crises qui secouent les sociétés majoritairement musulmanes.
À la suite de son exposé, Haoues Seniguer a été longuement interrogé par un public à la fois bienveillant, attentif, exigeant, soucieux de comprendre et de savoir. Le conférencier a conquis son auditoire. À la sortie, très nombreux étaient ceux qui lui étaient reconnaissants d’avoir ouvert de stimulantes pistes de réflexion, d’avoir bousculé des clichés malfaisants, d’avoir conduit chacun à se poser des questions dans des termes renouvelés par la recherche actuelle de haut niveau.