Jacques Sémelin, à l’invitation de LSP et de PMH, donnera une conférence vendredi 31 mars 2017 à 18 h à La Halle de Dieulefit : regarder les choses en face, l’itinéraire d’un historien non-voyant. Entrée libre et gratuite.
Jacques Sémelin, a publié en 2016 aux éditions les Arènes, un véritable best-seller : Je veux croire au soleil. Cet ouvrage autobiographique, qui reprend et prolonge son J’arrive où je suis étranger (Paris, Éditions du Seuil, 2007) dévoile une personnalité marquée à la fois par le handicap (une cécité précoce, révélée l’année du bac), la volonté d’y faire face, et l’itinéraire d’un chercheur très spécialisé et reconnu sur le plan national et international.
Jacques Sémelin, né au Plessis-Robinson, est un historien et politologue français. Il est professeur à l’Institut d’études politiques de Paris et directeur de recherche au CNRS affecté au Centre d’études et de recherches internationales (CERI, rue Jacob, Paris). Il enseigne depuis 1999 à Sciences Po où il a créé un cours pionnier sur les génocides et violences de masse.
Ses recherches portent sur les processus de résistance civile au sein des dictatures ainsi que sur l’analyse des massacres et génocides. Ses travaux se fondent sur une approche pluridisciplinaire en histoire, science politique et psychologie sociale, ce dont atteste son parcours universitaire. Il consacre sa thèse de doctorat à l’analyse comparée d’une trentaine d’exemples de résistances civile au sein de l’Europe nazie. Il présente les résultats de cette recherche dans Sans armes face à Hitler (1989), ouvrage disponible en cinq langues, constamment réédité (Payot), une référence incontournable.
En parallèle, Jacques Semelin s’est de plus en plus intéressé à la question du génocide, en particulier depuis sa visite à Auschwitz en 1985. Sa rencontre avec Léon Poliakov, pionnier des études sur la Shoah en France, a joué un rôle important dans l’orientation future de ses travaux. Il reprend alors son questionnement antérieur sur la résistance civile mais pour l’appliquer cette fois-ci à la barbarie : comment des individus ordinaires peuvent-ils basculer dans la perpétration d’un crime de masse ? Il organise alors en 2001 à Sciences Po un colloque international sur les violences extrêmes dont les actes sont publiés en six langues dans la Revue Internationale des Sciences Sociales. Puis il travaille à son maître ouvrage sur les violences de masse : Purifier et détruire, aujourd’hui disponible en huit langues (Le Seuil, 2005), qui propose une analyse comparative de trois cas (Shoah, Rwanda et Bosnie), prenant aussi en compte celui des Arméniens et du Cambodge de Pol Pot.
En 2008, Jacques Semelin a fondé à Sciences Po, avec une équipe de chercheurs, l’Encyclopédie en ligne des violences de masse sous le parrainage de Simone Veil et d’Esther Mujawayo, sociologue rwandaise, qui est intervenue à Dieulefit dans le passé.
Pour en savoir plus sur cette encyclopédie, tenue à jour : consultez le site internet http://www.massviolence.org/
La même année, il publie avec Claire Andrieu et Sarah Gensburger, les actes d’un colloque international qui s’interroge sur les moyens de résister au génocide et au totalitarisme : La résistance aux génocides : de la pluralité des actes de sauvetage (Presses de Sc. Po, 2008)
En 2010, il a travaillé comme consultant auprès des Nations Unies pour la prévention des génocides (Office of political affairs).
Par la suite, il s’est engagé dans un travail spécifique sur la France visant à comprendre comment les trois-quarts des juifs en France ont pu survivre à la Shoah. Dans le livre qui en a résulté, Persécutions et entraides dans la France occupée : comment 75 % des Juifs de France ont échappé à la mort, (Paris, Le Seuil, 2013) riche de nombreux témoignages de juifs non déportés français et étrangers, Jacques Sémelin étudie avec précision et minutie l’histoire de Dieulefit sous l’Occupation et le rôle joué par la résistance civile, des femmes en particulier.
Il se persuade ainsi que Dieulefit et son Pays, à l’heure des persécutions, déportations, participent de façon exemplaire au sauvetage des juifs, mais pas seulement. Il visite la petite cité en 2013, rencontre PMH, Mme la Maire et présente la candidature de Dieulefit devant la commission des historiens spécialistes de la Seconde Guerre Mondiale et de la Résistance. Cette commission, présidée par Jean-Pierre Azéma, cherche, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Libération, à distinguer une commune qui serait un symbole de la résistance civile.
Grâce au rapport écrit de Jacques Sémelin et son intervention en commission, les historiens spécialistes dont Gilles Vergnon et Jean-Marie Guillon classent Dieulefit en tête des communes et sites candidats.
C’est ce classement qui va encourager le projet de Mémorial en l’honneur de la population et de la résistance civile au cours de l’année 2014. Une fois le projet artistique de Yvan Theimer sélectionné, le monument est édifié près de la Maison de la Céramique et inauguré le 21 octobre 2014.
Recherches en cours : Etudes des “freins” socio-politiques au génocide : le cas de la France 1940-1944 ; Rhétoriques savantes, rhétoriques militantes autour de la notion de génocide ; Les excuses en politique étrangère : le cas de la France, perspectives comparatives.
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