Le 22 mai 2011, deux Justes parmi les Nations ont été honorés au Poët-Laval : Sully et Marie Amblard. En courant bien des dangers et avec courage, ils ont recueilli en 1943 un jeune garçon de huit ans, Bernard Guillot (ou Guyot). C’est à la demande du pasteur Debû que cet enfant est entré dans la famille Amblard. La famille Amblard avait été avertie de la véritable identité et de l’origine du garçon : il s’appelait Maurice Goldberg. Juif et d’origine étrangère, il avait tout à craindre des lois antisémites du gouvernement de Vichy et de sa politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, et en particulier de sa promesse de livrer les Juifs étrangers, y compris les enfants, à la déportation.
Le petit Bernard (Maurice) a été protégé, choyé, instruit à l’école du Poët… et sauvé. À la Libération, les parents Goldberg sont venus rechercher leur fils.
La cérémonie de la remise de la médaille et du diplôme des “Justes parmi les Nations”, délivrés par Yad Vashem (Israël) s’est déroulée en mairie de Poët-Laval, en présence de
Madame la Maire (M. Cavet), des enfants de Sully et Marie Amblard, de plusieurs adjoints, de Robert Mizrahi, représentant Yad Vashem France (France du sud et consulat israélien de Marseille). Un public nombreux était présent.
Robert Mizrahi (à gauche) rappelle à Madame et Monsieur Amblard (Samuel) les circonstances et la conduite des parents Amblard, aujourd’hui disparus, qui ont motivé la décision de Yad Vashem. Leur nom sera gravé sur le Mur d’Honneur, près du Jardin des Justes, à l’intérieur du site de Yad Vashem (Jérusalem).
À droite de madame Amblard, debout, Maurice Goldberg témoigne avec émotion et reconnaissance de ces années 43-44 dans la famille Amblard, au cours desquelles il connut Samuel, le fils de la maison.
À droite de Maurice Godberg (debout), se tient le petit-fils des Amblard (bras croisés). Pleinement associé à ce moment émouvant, le jeune homme partit quelques mois plus tard à Jérusalem, à l’invitation de Yad Vashem. Le Comité souuhaite, par ces voyages, multiplier des rencontres entre descendants de sauveteurs et enfants d’Israël, pour garder la mémoire de ces sauvetages et de ces conduites exemplaires,
quand bien imême
les sauveteurs se défendent d’avoir “fait quelque chose d’extraordinaire”.
D’autres demandes de reconnaissance de “Justes” sont déposées auprès de Yad Vashem, au Poët-Laval, à Dieulefit. Rappelons qu’à l’issue de cette cérémonie du 22 mai 2011, le Poët-Laval comptait deux Justes, et le Pays de Dieulefit, 13.
Ci-contre : une reproduction du diplôme d’honneur remis en même temps que la médaille aux Justes ou leurs parents. Sur cette médaille figure l’extrait fameux du Talmud :
“Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier”.
Ce qui fait penser à la parole de Dieu devant Sodome et Gomorrhe :
“S’il est cinquante Justes dans cette ville, je la sauverai”. Le sauvetage passe, ici, par le pardon divin, avec une portée collective..
Tandis que « Juste parmi les nations », traduit le terme hébreu : « Hasidé Oummot Ha-olam ». Terme d’origine rabbinique, il désigne les non-Juifs qui font preuve de bienveillance à l’égard des Juifs sans inclure l’idée d’un lien avec un pardon divin applicable à une ville ou une contrée. « Hasidé Oummot Ha-olam » trouve son sens dans un rapport exclusif d’individus à individus. Réalité très proche de celle que décrit le témoignage (très précis sur ce point) de Maurice Goldberg (voir un extrait), et qui ne passe pas par le salut divin.