Henri Springer
Témoignage : aujourd’hui, le besoin des justes.
(Témoignage donné à la table ronde : Les justes et les historiens,
Dieulefit, le 24 janvier 2009.)
Je veux répondre à deux questions.
Une question a été posée indirectement : Quelle est la motivation qui a amené l’Etat d’Israël à reconnaitre des justes ? Le judaïsme est une tradition présente, au-delà d’une religion, au-delà d’une communauté. Il est un passé que l’on peut reconnaître dans le présent. Et cette tradition porte comme valeur première, valeur fondamentale, la fidélité. La reconnaissance des justes est l’expression de cette fidélité que veulent vivre ceux qui se reconnaissent comme juifs.
Autre question : pourquoi reconnaître comme juste – au delà des figures de proue – l’ensemble de la ville ? L’extraordinaire de Dieulefit a été l’accueil commun. L’extraordinaire « non-peur » vécue en un temps où la peur régnait partout. Ailleurs, la crainte : qui peut nous dénoncer ? A Dieulefit on n’avait pas peur du voisin, mais peur des Allemands. Cela donne valeur à la demande d’une reconnaissance du Pays comme “Pays de Justes”.
Pour conclure j’ai besoin des justes. En tant que croyant, en tant que chrétien pour savoir Dieu présent j’ai besoin de rencontrer des justes. Henri de Lubac, dans son livre De la connaissance de Dieu a écrit : “À travers la plus épaisse muraille du plus sombre cachot, l’étroite fente d’une meurtrière suffit pour attester le soleil. Ainsi de ce monde, maintenant opaque et lourd : la rencontre furtive d’un saint y suffit pour attester Dieu.”
Et ces justes n’ont pas besoin d’être de notre Église.