Un mémorial pour la résistance civile
 (d’après le Bulletin municipal de Dieulefit, édition de décembre 2014
voir également l’article du Dauphiné libéré du 1er nov. 2014 en cliquant ici)

 

La Municipalité a inauguré le vendredi 31 octobre au matin, au parc de la Baume, un mémorial pour la résistance civile, exécuté par Ivan Theimer, peintre et sculpteur tchèque, artiste international, créateur entre autres d’une obélisque dans le jardin du palais de l’Elysée et d’une sculpture monumentale à Pise. Réfugié en France en 1968 après le printemps de Prague, il a partagé très rapidement sa vie entre Dieulefit, le Poët Laval et Roche-Saint-Secret.
L’oeuvre, très émouvante, est à la fois simple par son muret en demi-cercle de 3 mètres de haut, réalisé par l’entreprise dieulefitoise FM Bat en pierres du pays, et raffinée avec sa colonne en marbre de Carrare, ses bronzes et ses terres cuites. On peut y lire la formule Dieulefit, où nul n’est étranger du poète Pierre Emmanuel, réfugié à Dieulefit pendant la guerre et qui enseignait les mathématiques au collège de la Roseraie.

Au mois de novembre dernier, suite à une demande de la Direction de la Mémoire et du cabinet de la Présidence, des historiens spécialisés, sous la présidence de Jean-Pierre Azéma, ont établi un classement des lieux exemplaires de la résistance civile, c’est à dire non armée. Dieulefit a été placé en tête. Le projet a été labellisé dans le cadre des commémorations nationales du 70ème anniversaire de la libération de la France et de la victoire sur le nazisme.

Le maire Christine Priotto, à l’initiative du projet, en a rappelé la genèse. Puis Bernard Delpal, historien dieulefitois de PMH, auteur de deux ouvrages récents sur la résistance civile, en a retracé le sens historique:

Pendant la Deuxième Guerre, entre 1940 et 1944, la population des communes des Pays de Dieulefit et Bourdeaux a accueilli, caché, nourri, environ 1600 réfugiés (moyenne annuelle), adultes et enfants, français et étrangers, juifs et non-­juifs. Ce sauvetage a été possible parce que tous, au-delà de leurs différences, de leurs convictions politiques ou de leur appartenance confessionnelle, ont considéré qu’il n’était pas possible moralement de trahir leur devoir d’hospitalité et de solidarité: les paysans, éleveurs, commerçants ont accepté de faux tickets d’alimentation, de textile ou de charbon; les fonctionnaires, en se donnant les apparences de la loyauté au gouvernement de Vichy ont joué double jeu comme Jeanne Barnier, la secrétaire de mairie, le colonel Pizot, maire de Dieulefit, le commandant de gendarmerie, Adrien Cesmat; les enseignants (école publique, école de Beauvallon, collège de ·Ia Roseraie) n’ont pas dévoilé les noms des enfants cachés dans leur classe; des familles ont hébergé en toute illégalité d’autres familles.
 Le Comité de libération et les résistants qui ont succédé à la municipalité Pizot ont salué sa gestion, et le pays de Dieulefit a été exempté d’épuration ou de règlements de comptes.
A la suite de Bernard Delpal, sont intervenus Didier Lauga, préfet de la Drôme depuis un an, Jean Clair, académicien, ancien directeur du musée de Picasso, historien de l’art et qui a rédigé un très beau texte le pays des deux lumières sur le refuge artistique et intellectuel dieulefitois. Enfin, Yvan Theimer a rappelé l’accueil que le pays lui a réservé quand il est venu s’y réfugier et comment des liens très forts se sont tissés depuis son arrivée.

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Au coeur du demi-cercle de pierre, la colonne de marbre, surmontée de la double figure de l’entraide et du sauvetage.

 L’inscription est tirée d’un texte du 

poète et résistant Pierre Emmanuel, réfugié à Dieulefit pendant l’Occupation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Affiche de l’exposition Ivan Theimer de 2011 à la galerie Artenostrum (Dieulefit) :

“Le pays des deux lumières”.

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